Le mois de mai est un mois très spécial pour tous les Haïtiens et pour tous les noirs qui peuplent cette planète. Le peuple d’Haïti fut le premier peuple noir à dire NON à l’esclavage colonial le 18 mai 1803. Inutile ici d’énumérer les ravages que l’esclavage colonial a commis sur terre. Nous n’avons qu’à regarder l’état actuel dans lequel se trouve le continent Africain et la confusion mentale dans laquelle se trouvent de nombreux noirs aujourd’hui. L’esclavagisme colonial a non seulement déstabilisé le peuple noir, mais l’a éloigné de ses racines, de ses religions originelles, qui le reliait avec ses créateurs. Le but de ma réflexion n’est pas de raconter l’histoire de l’indépendance d’Haïti. Je propose ici un regard sur cette indépendance inachevée, qui doit passer par la décolonisation spirituelle, et du retour aux religions originales.Parmi les peuples noirs, les Haïtiens furent les premiers à retrouver leur liberté en disant NON aux pouvoirs colonialistes. Certes, il reste encore beaucoup à faire puisque le pouvoir colonial existe encore en Haïti sous plusieurs formes. La grande indépendance n’est pas encore achevée. L’heure est venue pour une décolonisation spirituelle totale, qui amènera les Haïtiens à retrouver leurs racines et leurs religions. Lorsque cette indépendance sera acquise, les Haïtiens retrouveront leur vraie autonomie et se prendront enfin en main.
Haïti a déjà donné l’exemple, en étant premier à dire non à l’esclavage colonial. Et ses frères noirs d’autres nations l’ont suivi dans cette démarche. Aujourd’hui, les Haïtiens doivent montrer l’exemple encore une fois en disant NON à la religion de ses ex-colonisateurs. Le catholicisme est une forme de colonisation spirituelle. Cette religion n’aide en aucune manière l’homme noir à se prendre en main. Bien au contraire, elle freine tout progrès. N’oublions pas que nos ancêtres furent convertis de force au catholicisme. Les consignes venant du Vatican étaient simples : un missionnaire, arrivant au village africain accompagné de quelques soldats, prononçait quelques phrases en latin, (langage incompréhensible pour les villageois) et ceux qui refusaient de se convertir au christianisme étaient pris en charge par les soldats. Ce n’était plus le message du Christ qui parlait, mais les fusils. Quant aux convertis, ils étaient emmenés dans le nouveau monde, et on sait ce qui les attendait. Hé oui! C’est ainsi que nos ancêtres se faisaient christianiser; une bible dans la main gauche et un fusil dans la main droite. Quelqu’un peut-il me dire ce qu’il y a de glorieux à être Catholique aujourd’hui ? Certains me diront : « oui, mais la Foi Chrétienne…». L’Église Catholique n’a rien avoir avec les vrais enseignement du Christ qui sont : « Aime ton prochain comme toi-même, ne fait pas à ton prochain (ou à ton lointain) ce que tu n’aimes pas que l’on te fasse ». S’ils étaient vraiment venus apporter aux Africains les vrais messages du Christ, remplis de sagesse et d’amour, il n’y aurait jamais eu ce 18 mai 1803, ni tous ces bains de sang inutiles.
Parmi tous ces morts, il y avait incontestablement des génies qui auraient pu faire avancer d’une manière considérable le continent africain, le sauvant ainsi des maladies et des famines incessantes. Il est clair aujourd’hui que les vrais messages du Christ furent détournés par cette organisation pour servir les pouvoirs coloniaux. Certains diront; « mais, c’est du passé tout cela ». Ils poursuivent en ajoutant : « …parce que c’est du passé, nous ne trahissons sûrement pas leur mémoire, même sachant ce qu’ils ont subi par l’Église Catholique. Continuons à être des catholiques ». De grâce, ne fermons pas les yeux sur ces nombreux Prophètes Africains qui furent condamnés à mourir sur le bûcher ou emprisonnés à vie par l’Église Catholique.
Parmi ces personnes, une jeune femme nommée Kimpa Vita (Dona Béatrice, de son nom chrétien), née en 1684 dans le royaume du Congo. L’esclavage avait déjà commencé à cette époque, et Kimpa Vita se leva contre l’injustice que les missionnaires portugais faisaient subir à la population locale. Elle enseignait aux femmes la dignité, et les incita à se dresser contre l’injustice. C’était une jeune femme d’une grande beauté. Elle attirait une foule de plus en plus grande et ses enseignements étaient très appréciés de la population. Elle attira malheureusement la foudre du Clergé local qui n’appréciait pas les déviations du dogme chrétien, car pour eux, les Antoniens (nom du mouvement de Kimpa Vita) menaçaient la foi chrétienne. Finalement, Kimpa Vita fut conduite sur un grand bûcher, avec son bébé et son compagnon, de la même manière que le furent tous ceux qui, deux siècles plus tôt, avaient défié la doctrine de l’Église Catholique. Pensons ici à Copernic, Galilée, Jean Hus, Tommaso Campanella, Giordano Bruno, mais aussi à grand nombre d’intellectuels et de grand savants qui ont croupi dans les prisons du Saint Office, ou qui furent exécutés sous les ordres du Saint Office (le tribunal de l’inquisition) afin de garder le dogme du catholicisme intact. Pour protéger sa théologie, son pouvoir politique, social, colonial, pédagogique et autre, il fallait donc éliminer Kimpa Vita.
Kimpa Vita fut exécutée le 2 juillet 1706. Elle fut brûlée vive sur un grand bûcher; morte sous le prétexte du message de Jésus. Après la mort de Kimpa Vita, beaucoup de Congolais furent menés en esclavage. Ces Congolais travaillèrent dans des plantations de café, le plus grand nombre en Haïti, où ils avaient apporté avec eux leur culture et leurs religions, dont celle de Kimpa Vita. Les enseignements de Kimpa Vita existent encore en Haïti sous des formes mystiques. Ne serait-ce pas un hommage et un apprentissage humain utile que de reconnaître ces enseignements respectueux des droits de l’homme, et stimulateurs de libération et de réelle indépendance ? En continuant de donner son pouvoir religieux aux agresseurs colonisateurs, toutes ces souffrances restent vaines et on perpétue l’esclavagisme. En revanche, en se libérant de l’emprise culpabilisante de l’Église Catholique (contraire au message de Jésus) tous les peuples pourront reprendre leur vie, leur pouvoir et leur avenir en main, et ce n’est qu’à ce moment que l’on pourra prononcer les mots d’INDÉPENDANCE.
Qui dit indépendance, dit liberté. Et être libre de ses colonisateurs, libre de ce message religieux culpabilisant et de son passé criminel, c’est un grand pas vers le progrès, vers la fin des famines, et surtout, vers l’Amour.
Riquet St-Hubert
Haïtien et Raëlien